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Contexte
Contexte
Quelle est la place du Canada dans l’Empire britannique? Le Canada devrait-il développer son autonomie? Ces questions animent le débat politique depuis les Rébellions de 1837-1838, l’acquisition du gouvernement responsable en 1848 et la Confédération de 1867. Alors que l’impérialisme britannique est à son apogée, ces questions sont plus que jamais d’actualité.
Caricature
Observe la caricature. Elle présente la position de trois hommes politiques de l’époque sur la question des relations du Canada avec l’Empire britannique. À l’aide des textes des documents 1, 2 et 3, peux-tu préciser la position de :
- Robert Borden et des impérialistes;
- Henri Bourassa et des nationalistes;
- Wilfrid Laurier et du gouvernement du Canada.
Peux-tu identifier l’élément qui explique leur désaccord? Est-ce que la caricature illustre bien la position adoptée par chacun?
James Fergus Kyle, Sir Wilfrid Laurier and the Extremists, Where Laurier Stands (1911), image modifiée par le Service national du RÉCIT de l'univers social, Bibliothèque et Archives Canada, MIKAN 3636195. Licence : image du domaine public.
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Document 1 : L’impérialisme
L’impérialisme
« Je crois que l’Empire britannique est l’œuvre ultime de la race britannique; l’expression de l’idéal britannique; [...] l’espoir de l’humanité en un futur meilleur ; la meilleure chose que nous ayons pu faire faire depuis plus de mille ans pour le bien de l’humanité [...].
La suprématie et la poursuite des activités de l’Empire britannique n’est pas seulement une condition pour laquelle nous devons œuvrer mais pour laquelle le monde entier doit prier. [...]
Si nous sommes Britanniques, les guerres de l’Empire sont nos guerres. Si nous ne sommes pas prêts à nous battre à l’appel de l’Empire, alors nous ne sommes pas Britanniques. En tant que Britanniques, nous devons bien sûr attaquer ceux qui sont en guerre contre notre Empire, et les simples mots de notre Parlement ne sauveront pas [notre Empire]. »
* La ligue navale du Canada : fondée en 1895 en Grande-Bretagne, la ligue navale a pour objectif la défense maritime de l’Empire. Elle possède des succursales à l’étranger, dont une à Toronto qui œuvrera activement à la création de la Marine canadienne.
H.S. Mendelsson, Portrait de Clive Phillips-Wolley (1884), Bibliothèque nationale de France, département Société de Géographie, SG PORTRAIT-1305. Licence : utilisation permise dans un contexte éducatif avec mention de la source.
Source du texte :
« Discours de Clive Philipps-Wolley, vice-président de la ligue navale du Canada* »(14 mai 1907), dans James A. Boutilier (ed.), The Royal Canadian Navy in Retrospect, 1910-1968, Vancouver, University of British Columbia Press, 1982, p. 19, en ligne.
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Document 2 : Le nationalisme d’Henri Bourassa
Le nationalisme d’Henri Bourassa
« Notre nationalisme à nous est le nationalisme canadien, fondé sur la dualité des races. La nation que nous voulons voir se développer c'est la nation canadienne, composée des Canadiens français et Canadiens anglais, c'est-à-dire de deux éléments séparés par la langue et la religion mais unis dans un commun attachement à la patrie commune. »
Joseph Alphonse DeGuire, M. Henri Bourassa (1910), Bibliothèque et Archives Canada, C-005110, MIKAN 3212954. Licence : image du domaine public.
Source du texte :
Henri Bourassa, Le Nationaliste, 3 avril 1904, p. 2, en ligne.
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Document 3 : Wilfrid Laurier
Wilfrid Laurier
« Je suis accusé au Québec d’avoir trahi les francophones, et en Ontario d’avoir trahi les anglophones… Au Québec, je suis attaqué comme un impérialiste, et en Ontario comme un anti-impérialiste. Je ne suis ni un ni l’autre… Je suis un Canadien. Toute ma vie, le Canada a toujours été ma source d’inspiration. »
Wilfrid Laurier (1906), Bibliothèque et Archives Canada, PA-027977, MIKAN 3218155. Licence : image du domaine public.
Source du texte :
Wilfrid Laurier, « Discours prononcé à Saint-John, pendant la campagne électorale fédérale » (1911), cité sur CBC Learning. Canada, A People’s History, en ligne. Traduction libre du service national du RÉCIT, domaine de l’univers social.
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Document 4 : Les impérialistes et la guerre des Boers
Les impérialistes et la guerre des Boers
« En pressant Laurier d’envoyer des troupes en Afrique du Sud, les tenants de la participation canadienne à la guerre ne manquaient pas d’arguments. Le ministre fédéral de la Justice, David Mills, fit remarquer dans son livre English in Africa (1900) que les colonies britanniques émancipées se devaient de faire des sacrifices pour la sauvegarde de l’Empire. À son avis, s’il advenait que la Grande-Bretagne fût écrasée en Afrique du Sud, la position du Canada en Amérique du Nord ne pourrait que s’affaiblir. [...]
D’autres encore considéraient la question du point de vue économique. Comme le dit un journaliste canadien : « Une présence forte de la Grande-Bretagne en Afrique du Sud présente d’importants avantages commerciaux pour le Canada. En effet, nos manufactures en sont maintenant à un stade où elles ont besoin d’un marché d’exportation. Sous l’aile protectrice de l’Empire, nos industries peuvent trouver dans cette région du monde le marché dont elles rêvent. » Par conséquent, il fallait y envoyer des régiments pour protéger les intérêts commerciaux canadiens : plus l’Empire était vaste, plus était vaste aussi le marché à la disposition des industries canadiennes. »
Les troupes au front. Le second contingent des Canadian Mounted Rifles en Afrique du Sud (détail, 1900), Bibliothèque et Archives Canada, PA-028895, MIKAN 3258262. Licence : image du domaine public.
Source du texte :
Robert Page, La guerre des Boers et l’impérialisme canadien, Ottawa, La Société historique du Canada, 1987, p. 13-14, antérieurement en ligne sur www.collectionscanada.gc.ca.
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Document 5 : Henri Bourassa et la guerre des Boers
Henri Bourassa et la guerre des Boers
« Le 13 octobre [1899], sans convocation du Parlement mais par un décret du Conseil des ministres, Laurier décide de l’envoi d’équipement et de troupes «volontaires». Pour le député Henri Bourassa, il y a dans cette initiative deux accrocs à la Constitution canadienne : des dépenses engagées sans l’aval de la Chambre et l’envoi de troupes canadiennes hors du pays. Bourassa tient tête à Laurier, critique franchement ses positions et finit par remettre sa lettre de démission du Parti libéral du Canada le 18 octobre 1899, contestant les propensions impérialistes de Laurier, réitérant sa propre conviction d’une autonomie plus grande du Canada à l’égard de la Grande-Bretagne [...]. »
Henri Bourassa écrit, dans sa lettre de démission : « Il s’agit de savoir si le Canada est prêt à renoncer à ses prérogatives de colonie constitutionnelle, à sa liberté parlementaire, au pacte conclu avec la métropole après soixante-quinze ans de luttes - et à retourner à l’état primitif de colonie de la Couronne. Il s’agit de décider si le peuple canadien sera appelé à prendre part à toutes les guerres de l’Empire sans que les portes du cabinet et du parlement impériaux lui soient ouvertes, sans même que ses représentants et son gouvernement soient consultés sur l’opportunité de ces luttes sanglantes. Je ne consentirai jamais à appuyer cette politique rétrograde. »
Samuel H. N. Kennedy, Plan rapproché de militaires et leurs épouses sur le pont du « Sardinian » lors du départ du contingent Canadien pour la guerre des Boers en Afrique du Sud (1899), Bibliothèque et Archives nationales du Québec, P600,S6,D1,P777. Licence: image du domaine public.
Source du texte :
Yvan Lamonde, Histoire sociale des idées au Québec, vol. 2 : 1896-1929, Québec, Fides, 2004, p. 22 et Henri Bourassa, «Lettre de démission à Sir Wilfrid Laurier », 20 octobre 1899, citée dans Yvan Lamonde et Claude Corbo, Le rouge et le bleu. Une anthologie de la pensée politique au Québec de la Conquête à la Révolution tranquille, Montréal, Presses de l’Université de Montréal, 1999, p. 302-303.
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Document 6 : L’opinion de Robert Borden
L’opinion de Robert Borden
« En d’autres termes, l’Allemagne, le pouvoir militaire dominant, sans conteste, n’entend pas se déclarer satisfaite tant qu’elle n’aura pas enlevé la maîtrise des mers à l’Angleterre. [...] La plus haute autorité navale de l’Angleterre a déclaré que les navires du type dreadnought seront les seuls qui compteront dans un avenir très rapproché. Personne ne prétend que la suprématie n’appartient pas, actuellement, à la marine de guerre anglaise, mais cette suprématie disparaîtra dans deux ou trois ans, au plus, si des efforts extraordinaires ne sont faits par la mère patrie et ses grandes dépendances. [...]
Donc, si le Canada veut rester fidèle à son devoir, il n'abandonnera pas la patrie au moment du danger. [...] Nous n'avons pas de dreadnought de prêt ; nous n'avons pas de flotte à notre disposition. [...] Mais nous pourrions mettre à la disposition de l'Amirauté* l'équivalent en deniers sonnants** de cette dépense, et celle-là s'en servirait pour les fins de cette marine de guerre dans les conditions que nous pourrions imposer. En prenant cette attitude, [...] nous accomplirions un grand devoir patriotique envers notre pays et envers l’empire tout entier. »
*Amirauté : ministère de la Marine britannique.
** Deniers sonnants : en argent.
William James Topley, Robert Laird Borden (détail, 1901), Bibliothèque et Archives Canada, PA-028194, MIKAN 3424301. Licence : image du domaine public.
Source du texte :
Robert Borden, « Discours prononcé devant la Chambre des Communes », 12 janvier 1910, dans Compte-rendu officiel des débats de la Chambre des Communes du Canada, 11e parlement, 2e session, Ottawa, C.H. Parmelee, 1909-1910, p. 1855 et 1860, en ligne.
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Document 7 : Henri Bourassa sur la loi de la marine (1910)
Henri Bourassa sur la loi de la marine (1910)
Le 4 mai 1910, Sir Wilfrid Laurier adopte la loi du Service naval qui crée une Marine canadienne.
« Nous [Henri Bourassa et Armand Lavergne] sommes opposés à toute politique nouvelle qui nous entraînerait dans des guerres lointaines, étrangères au Canada, aussi longtemps surtout que les colonies autonomes de l’Empire ne partageront pas avec la mère patrie, et sur un pied d’égalité, l’autorité souveraine dont relèvent l’armée et la flotte impériale, les traités de paix ou d’alliance, les relations étrangères, le gouvernement des Indes et des possessions de la Couronne.
Citoyens libres d’un pays démocratique, nous réclamons le droit d’exprimer hautement notre opinion sur cette question comme sur toute autre qui affecte le sort et les intérêts du Canada. »
Affiche de recrutement du Service naval du Canada (vers 1911), Musée canadien de la guerre, MCG 19940001-980. Licence : avec l’autorisation du Musée canadien de la guerre.
Source du texte :
Henri Bourassa et Armand Laverne, « Résolution adoptée contre la loi de la Marine lors d’une assemblée tenue à St-Eustache », 17 juillet 1910, cité dans Jacques Lacoursière, Histoire populaire du Québec, t. 4 : 1896-1960, Sillery, Septentrion, 1997, p. 73.
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Document 8 : Laurier et la mise en place d’une marine canadienne
Laurier et la mise en place d’une marine canadienne
« La Chambre approuvera cordialement toute dépense nécessaire destinée à favoriser l'organisation d'un service naval canadien, en coopération et relation intimes avec la marine impériale dans le sens indiqué par l'amirauté, lors de la dernière conférence impériale, et en complet accord avec l'idée que la suprématie navale est essentielle à la protection effective du commerce, au salut de l'empire et au maintien de la paix universelle. [...]
Aujourd'hui, dans ma province, il y a un certain groupe de mes compatriotes — on les appelle nationalistes — qui se sont séparés de mon parti et de moi, parce que je me suis invariablement efforcé de garder cette attitude de modération et cette orientation vers la concorde et l'harmonie entre les races et les cultes. »
John S. MacKay, Crew with rifles at "port arms", Fisheries Protection Service Cruiser D.G.S. "Canada", Bibliothèque et Archives Canada, PA-123950, MIKAN 3393728. Licence : image du domaine public, en ligne.
Source du texte :
Wilfrid Laurier, « Discours prononcé devant la Chambre des Communes », 29 novembre 1910, Compte-rendu officiel des débats de la Chambre des Communes du Canada, 11e parlement, 3e session, C.H. Parmelee, 1911, p. 441-462, en ligne.
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Contexte
Contexte
Au début du 20e siècle, plusieurs changements économiques et sociaux bouleversent la société québécoise. Le clérico-nationalisme, mené par le clergé de l’Église catholique, dénonce fortement ces changements et tente de dissuader les Canadiens français d’y adhérer.
Concepts liés :
Agriculturisme : mouvement de pensée qui valorise le mode de vie rural et agricole.
Américanisme : influence de la culture américaine (mode de vie, loisirs, habitudes de consommation).
Exode rural : populations des campagnes quittent leur terre pour travailler et vivre en ville.
Industrialisation : transformation et accroissement de la production des biens par la mécanisation dans les manufactures.
Religion : système de pratiques et de croyances particulier à un groupe. La religion est basée sur une série de dogmes (valeurs fondamentales) qui ne peuvent être remis en question.
Urbanisation : augmentation du nombre d’habitants dans les villes où se concentre le travail en industrie.
Traditionalisme : qui se caractérise par l’attachement au passé, à la tradition et la peur du changement.
Bénédiction par Mgr Villeneuve lors du Congrès eucharistique (1938), Bibliothèque et Archives nationales du Québec, P428,S3,SS1,D12P25. Licence : image du domaine public.
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Document 1 : Des rêves de bonheur
Des rêves de bonheur
« L’Honorable Ministre de l’Agriculture, M. Caron [...] le disait en des termes où passait toute l’angoisse de son âme de fervent de la terre. Ce qui donne à cette course vers l’abîme, l’allure d’un flot impétueux, c’est la montée constante des populations de la campagne vers la ville.
En rangs serrés, se bousculant presque pour prendre les premières places libres; elles accourent fascinées par des rêves de bonheur.
Un vent de plaisir et de jouissance leur brûle le cerveau, les affole, les rends incapable de raisonner et de voir. Devant lui, mêlées à la poussière des routes, il chasse les familles, les jeunes gens et les jeunes filles. On dirait que le silence est à la veille de se faire dans nos campagnes et que le désert va remplacer les moissons. [...] »
Jour de déménagement (vers 1930), Musée McCord, MP-1984.105.16. Licence : Creative Commons (BY-NC-ND).
Source du texte :
Paul Henri, « Ça ne peut plus durer », L’Action catholique, 20 mai 1920, p. 3, en ligne.
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Document 2 : Le cinéma
Le cinéma
« Parce que le cinéma, tel qu’il existe actuellement chez nous, constitue pour l’enfant un triple danger : danger physique, danger intellectuel, danger moral. [...]
Le cinéma à ses débuts fut honnête, instructif, amusant. Hélas, des industriels sans scrupules comprirent vite le parti qu’ils pourraient tirer de cette merveilleuse invention.
En outre, il est des films qui, sans faire étalage d'obscénités, sont tout imprégnés de sensualisme et d’immoralité. Aucune scène trop crue. Mais c’est le sujet même qui est pourri.
Qu’on nous permette de la dire franchement : nous n’avons aucune confiance dans les compagnies actuelles de cinéma pour parfaire l’éducation de nos enfants. »
Programme du théâtre Impérial, 1921, Archives de la Ville de Montréal, BM1-11_26. Licence : Creative Commons (BY-NC-SA).
Source du texte :
Joseph-Papin Archambault, « Le cinéma et les enfants », L’action nationale, vol. 1, n° 1, 1933, p. 51-58, en ligne.
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Document 3 : Le travail du dimanche
Le travail du dimanche
« [Trois-Rivières] pourrait être appelée la capitale de la pulpe en ce pays, car toute la région qui l’environne est couverte de pulperies; c’est dire si le fléau du travail du dimanche, qui sévit surtout dans l’industrie de la pulpe et du papier, y exerce ses ravages. [...]
M. Frank Ritchie, de la “Wayagamac Pulp and Paper”, dit que la question du travail du dimanche en est une de concurrence économique avec les rivaux des industries locales, et surtout de celles de la Scandinavie [...]. Leurs arguments peuvent se résumer à celui-ci : on travaille le dimanche parce qu’il est profitable de le faire. Et voilà. [...]
Mais quand toutes ces puissantes compagnies font travailler le dimanche, [elles] violent les lois divines et humaines chaque fois qu’elles font travailler leurs employés sans nécessité absolue le jour du Seigneur [...]. Et le torrent de la colère de Dieu déborde lorsque les églises, qui sont ses digues, ont été vidées par le travail du dimanche. »
Wm. Notman & Son, Compagnie de pâte et papier Wayagamack (1913), Musée McCord, VIEW-4984. Licence : Creative Commons (BY-NC-ND).
Source du texte :
Jules Dorion, « Le travail du dimanche », L’Action catholique, 8 avril 1924, p. 3, en ligne.
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Document 4 : La place du français
La place du français
« Nous sommes une province française, nous ne devons pas en avoir honte. Pensez-vous qu’en France, où l’on reçoit des touristes de tous les pays, on place des affiches anglaises et allemandes, par exemple? [...]
Lorsque je suis descendu pour la première fois en gare de Montréal, je n’ai aperçu que des enseignes anglaises et je me suis dit : les Canadiens sont complètement américanisés. En arrivant à Québec, c’était un peu différent, mais il restait un grand nombre d’enseignes anglaises. Dans les campagnes, c’était mieux, mais on remarquait encore des signes d’américanisation - toujours ces enseignes! - même dans les villages les plus français. »
S.J. Hayward, Rue Peel et Sainte-Catherine (1928), Archives de la Ville de Montréal, VM98,SY,D2,P060. Licence : Creative Commons (BY-NC-SA).
Source du texte :
Pierre Homier, « La vie courante », L’action nationale, vol. 1, n° 1, 1933, p. 59-62, en ligne.
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Document 5 : La famille et la terre
La famille et la terre
« Les enfants! Voici bien, dans la maison canadienne, la plus riche partie du mobilier. Ce que d'autres redoutent comme un péril de pauvreté, nos pères l'appellent richesse. Chez eux “les religions du travail, de la foi et de la famille s'unissent [...]”.
L’habitant canadien aime beaucoup sa famille. Il aime aussi beaucoup sa terre qu’il a faite, en tout ou en partie, pouce par pouce, pied par pied, qui lui permet de mettre du pain sur la table, qui chaque jour réunit en corvée joyeuse la bande de ses enfants et sa femme elle-même, dure aux travaux des champs comme à ceux de la maison.
L’une des caractéristiques de la famille canadienne c’est de s’être constituée en coopérative du travail et une petite société presque indépendante dans le domaine économique. Le budget familial veut que la production commune suffise à tous les besoins. Et tout le monde travaille et tous les métiers fonctionnent pour que du labeur de chacun tous aient à manger et à se vêtir. »
Avant le départ pour le champ, Bibliothèque et Archives nationales du Québec, CP 7465 CON. Licence : utilisation permise dans un contexte éducatif avec mention de la source.
Source du texte :
Abbé Lionel Groulx, Chez nos ancêtres, Montréal, Bibliothèque de l’Action française, 1920, p. 23 et 27, en ligne.
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Contexte
Contexte
Au Québec, la première phase d’industrialisation se déroule dans la seconde moitié du 19e siècle, principalement dans la région de Montréal. Dans les usines, les ouvriers peu spécialisés fabriquent des biens manufacturés en série tels que des chaussures, du textile et des produits du tabac. Au tournant, du 20e siècle une deuxième phase d’industrialisation s’amorce.
L’exploitation des ressources naturelles
La deuxième phase d’industrialisation au Québec repose sur l’exploitation des ressources naturelles.
Observe la carte ci-dessus.
- Selon toi, comment la 2e phase d’industrialisation est-elle liée à l’exploitation du territoire?
- Quelle nouvelle forme d’énergie est exploitée pendant cette phase d’industrialisation?
- Nomme des industries liées à cette énergie.
Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social. Licence : Creative Commons (BY-NC-SA).
Ce document fait partie du dossier : Deuxième phase d'industrialisation
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Document 1 : L’usine textile de Magog
L’usine textile de Magog
« En 1889, la [Magog Textile and Print company] est victime de difficultés financières et tombe sous le contrôle de la Hochelaga Cotton Mills. Cette compagnie est intégrée à son tour à la Dominion Cotton Mills, qui, à sa création en 1890, réunit alors 11 usines. L'entreprise décide d'investir dans l'usine de Magog plus de 200 000 $ en 1892. Cet investissement augmente la capacité de production et l'espace d'entreposage. [...]
En 1905, plusieurs filatures canadiennes, dont celles de la Dominion Cotton Mills, fusionnent pour former la Dominion Textile. Cette opération a pour but de rentabiliser plusieurs usines en coordonnant leurs activités. [...] En 1914, la compagnie investit à Magog 370 000 $ afin de construire des hangars à métiers à tisser à l'arrière de la filature.
En 1927, alors que l'usine exploite 65 000 fuseaux, 1 800 métiers à tisser et 12 machines à imprimer, la Dominion Textile décide d'agrandir à nouveau l'imprimerie et de construire une annexe pour la production des chemises imprimées. »
Construction de l'usine de la Dominion Textile (1927), Musée McCord, MP-0000.2089.3. Licence : Creative Commons (BY-NC-ND).
Source du texte :
Ministère de la Culture et des Communications du Québec, « Usine Dominion Textile : informations historiques », Répertoire du patrimoine culturel du Québec, en ligne.
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Document 2 : L’essor des pâtes et papiers
L’essor des pâtes et papiers
« À partir de 1910, une part sans cesse croissante de la consommation américaine de papier doit donc être importée. Du Canada principalement. [...] On peut dire que la loi de 1910, qui interdit d’exporter du bois à pâte, entraîne une modification décisive des conditions du marché du papier, qui soudain devient plus ouvert et propice à l’industrialisation du Québec. Le secteur des pâtes et papiers y connaîtra durant la décennie qui s’ouvre une véritable envolée, un âge d’or. [...]
Les capitaux de l'industrie mauricienne du papier seront apportés par les milieux financiers du Canada, d’Europe (de Belgique et de Grande-Bretagne, principalement) et des États-Unis; la technologie, elle, viendra d’abord d’Europe et des États-Unis, où I’industrie moderne du papier a pris son essor. »
Selon le graphique ci-dessus, quel pays investit dans le plus grand nombre de papetières au Québec?
« Implantation et regroupement des activités papetières en Mauricie (1887-1929) », dans R. Hardy et N. Séguin, Histoire de la Mauricie, Sainte-Foy, Les Presses de l’Université Laval, 2004, p. 547. Réalisation du graphique : Service national du RÉCIT, domaine de l'univers. Licence: Creative Commons (BY-NC-SA).
Source du texte :
R. Hardy et N. Séguin, Histoire de la Mauricie, Sainte-Foy, Les Presses de l’Université Laval, 2004, p. 540-542.
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Document 3 : Les besoins des États-Unis
Les besoins des États-Unis
« La consommation du papier et du carton aux États-Unis faisait un bond remarquable à la fin du 19e siècle. [...] La demande croissante de papier qui résultait de l’accroissement de la population, de la formation de centres métropolitains comme New York, Philadelphie, Chicago, Los Angeles, et aussi l’apparition des grands quotidiens et magazines, soulevait le problème de la rareté des matières brutes. [...] Déjà, au début du [20e] siècle, la province de Québec exportait 200 000 cordes de bois de pâte aux États-Unis et ce volume devait augmenter de 25 pour cent par année jusqu’en 1910. »
Albert Faucher, « Le caractère continental de l’industrialisation au Québec », Recherches sociographiques, vol. 6, n° 3 (1965), p. 229-230, en ligne. Graphique réalisé par le RÉCIT de l’univers social. Lience : Creative Commons (BY-NC-SA).
Source du texte :
Albert Faucher, « Le caractère continental de l’industrialisation au Québec », Recherches sociographiques, vol. 6, n° 3 (1965), p. 229-230, en ligne. Graphique réalisé par le RÉCIT de l’univers social. Lience : Creative Commons (BY-NC-SA).
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Document 4 : La centrale du Saguenay
La centrale du Saguenay
« La centrale de l'île Maligne [au Saguenay] promettait d'être le plus grand ouvrage du genre au monde. Le barrage principal, qui abriterait la centrale, faisait 220 mètres de long [...]. Huit turbines devaient être en marche au milieu de 1925. [...] [L’homme d’affaires étasunien] Duke et [le canadien] Price s'étaient donc commis à fond dans le développement hydroélectrique du Saguenay, sans s'être assurés de trouver preneur pour l'énergie qui y serait produite. [...]
Trois avenues s'offraient à eux. La première était de trouver un client industriel qui s'établirait sur place; la deuxième était de transporter l'électricité vers d'autres marchés, pour consommation domestique ou industrielle. La troisième avenue consistait à lancer lui-même une entreprise industrielle qui tirerait parti de l'énergie produite au Saguenay. Duke allait explorer les trois possibilités simultanément. »
Carte de voeux de la Duke-Price Co illustrant la construction de la centrale de l’Isle Maligne (vers 1925), Bibliothèque et Archives nationales du Québec, CP 7998 CON. Licence : image du domaine public.
Source du texte :
J. Igartua, Arvida au Saguenay : Naissance d'une ville industrielle, Montréal, McGill-Queen's University Press, 1996, p. 29, en ligne.
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Document 5 : La loi de 1910
La loi de 1910
« On [les États-Unis] s’approvisionne en pulpe au Québec et la transformation finale (de loin l’opération la plus payante) se fait aux États-Unis. Conscient que les bénéfices émanant de l’exploitation de ses ressources lui échappent, l’État québécois adopte, en 1910, une première mesure visant à ramener le contrôle de ses forêts. Avec cette loi, le Premier ministre Lomer Gouin interdit l’exportation de la pulpe aux États-Unis : les entreprises de l’extérieur doivent désormais s’installer et transformer au Québec pour s’assurer un accès à la ressource. »
Paper Mill, Jonquieres, Saguenay River, Bibliothèque et Archives nationales du Québec, CP 913 CON, Licence : image du domaine public.
Source du texte :
Valérie Bourgeois et Catherine Lampron-Desaulniers, Industrie papetière au Canada français, Encyclopédie du patrimoine culturel de l’Amérique française.
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Document 6 : La construction d’une ville
La construction d’une ville
« L'arrivée de l'usine [d’aluminium] contribue au développement de tout le secteur environnant. En effet, afin de loger ses cadres et ses ouvriers de l'usine, l'entreprise procède dès 1926 à la construction de la ville d'Arvida aménagée autour du complexe. Surnommée la « Washington du Nord », la ville, entièrement planifiée par l'architecte américain Harry Beardslee Brainerd, est une véritable cité industrielle modèle, avec ses maisons, ses écoles, son hôpital, ses commerces, son église et sa banque. »
Harry Beardslee Brainerd et Hjalmar Enar Skougor, Plan pour la ville d’Arvida (1926), Saguenay, Chaire de recherche du Canada en patrimoine urbain. Licence : aucune reproduction autorisée sans l'accord de la Chaire de recherche du Canada en patrimoine urbain.
Source du texte :
Ministère de la Culture et des Communications, Complexe d'aluminium d'Arvida, Répertoire du patrimoine culturel du Québec, en ligne. Licence : aucune reproduction autorisée sans l'accord de la Chaire de recherche du Canada en patrimoine urbain.
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Document 7 : Des industries en changement
Des industries en changement
Au début du 20e siècle, les nouveaux secteurs industriels comme les pâtes et papiers, l’aluminium et l’hydroélectricité requièrent l’implantation de grandes usines, l’utilisation de nouvelles technologies et une main-d’oeuvre spécialisée. Le secteur manufacturier évolue également en renouvelant l’énergie utilisée par l’hydroélectricité et en réaménageant ses infrastructures. Toutes ces nouveautés nécessitent d’importantes sommes d’argent que peu d’entreprises canadiennes-françaises détiennent. Seules les plus grosses compagnies peuvent investir de tels capitaux.
William Notman & Son, Partie sèche de la salle des machines, usine de pâte Laurentide (vers 1908), Musée McCord, VIEW-4517. Licence : Creative Commons (BY-NC-ND).
Source du texte :
Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social.
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Document 8 : Une entente entre Duke-Price et Alcoa
Une entente entre Duke-Price et Alcoa
« L'industrie la plus friande d'énergie électrique était sans aucun doute celle de l'aluminium. [...] À l'automne 1924, W.S. Lee, qui dirigeait la construction de la centrale de l'Ile Maligne pour la Duke-Price Power Company, rendit visite à Arthur Vining Davis, le président d'Alcoa*. Il offrit de vendre 50 000 chevaux-vapeur à Alcoa.
Alcoa devait répondre à une demande croissante pour son métal [l’aluminium] et ne disposait pas des ressources hydrauliques nécessaires pour en augmenter la production [...]. Duke et Davis se rencontrèrent en novembre 1924 pour discuter de l'affaire. Les deux avaient tout intérêt à s'entendre, car Davis avait besoin d'énergie électrique et Duke, d'un client industriel. [...]. Duke décéda en octobre 1925 et, l'année suivante, Alcoa acquit la majorité des actions de la Duke-Price Power Company. »
*Alcoa : à cette époque, cette entreprise étasunienne est la plus importante productrice d’aluminium au monde.
Entreposage de lingots (1931) Rio Tinto Alcan (Saguenay), Mémoires Arvida. Licence : aucune reproduction autorisée sans l'accord de la Chaire de recherche du Canada en patrimoine urbain.
Source du texte :
J. Igartua, Arvida au Saguenay : Naissance d'une ville industrielle, Montréal, McGill-Queen's University Press, 1996, p. 29, en ligne.
Ce document fait partie du dossier : Deuxième phase d'industrialisation
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Document 9 : La concentration des entreprises
La concentration des entreprises
La concentration des entreprises constitue un des traits marquants de l’économie québécoise au début du 20e siècle. Elle affecte les secteurs des services publics, des transports, des banques, du textile, du fer et de l’acier et certaines industries alimentaires. Cette concentration permet aux plus importantes compagnies de limiter la concurrence grâce à l’obtention d’un quasi-monopole dans leur domaine de production. Toutefois, plusieurs petites entreprises canadiennes-françaises, incapables de soutenir une telle concurrence, disparaissent.
Une équipe de ligne de la Montreal Light Heat and Power (1928), Archives d’Hydro-Québec, F9/700776_4. Licence : image du domaine public.
Source du texte :
Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social.
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Contexte
Contexte
Dans la seconde moitié du 19e siècle, le Québec entre dans l’ère industrielle. Dans les manufactures où travaille une main-d’oeuvre nombreuse, de nouvelles méthodes permettent de produire des biens de consommation beaucoup plus rapidement qu’auparavant. Les historiens distinguent deux phases d’industrialisation dans l’économie québécoise : la première s’étend de 1850 à 1896 et la deuxième couvre la période de 1896 à 1929. Qu’est-ce qui a mené à cette distinction?
Qu’est-ce que l’industrialisation?
En deuxième secondaire, vous avez abordé l’industrialisation en Grande-Bretagne, en Allemagne ou aux États-Unis. Bien qu’un peu tard, le Québec entame un processus d’industrialisation similaire à celui qu’ont connu les autres pays d’Occident. En t’inspirant du schéma ci-contre, rappelle-toi en quoi consiste l’industrialisation et décris-en les principales caractéristiques. En groupe-classe, validez les informations dont vous vous souvenez à propos du concept d’industrialisation.
Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social. Licence : Creative Commons (BY-NC-SA).
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Document 1 : De nouvelles opportunités d’affaires
De nouvelles opportunités d’affaires
« [...] La croissance de la population et la multiplication des nouvelles activités économiques amènent graduellement un grand nombre de nouveaux entrepreneurs à se lancer en affaires, à mettre sur pied des commerces, des manufactures, des entreprises de services dans un nombre plus étendu de secteurs. Certes, la bourgeoisie ancienne est toujours présente [...].
Mais depuis le milieu du siècle [1850], plusieurs nouveaux venus se sont joints à elle. [...] Un grand nombre d’entre eux ne sont pas originaires de Montréal. Chez les anglophones, ils viennent surtout d’Angleterre et d’Écosse, parfois des États-Unis, alors que chez les francophones, nombreux sont les individus originaires du milieu rural québécois. Montréal leur offre la possibilité de faire une carrière intéressante et d’accumuler une fortune appréciable. »
Mosaïque réalisée par le service national du RÉCIT de l’univers social.
Source du texte :
Paul-André Linteau, Histoire de Montréal depuis la Confédération, Montréal, Boréal, 2000, p. 56.
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Document 2 : L’exploitation des ressources naturelles
L’exploitation des ressources naturelles
Au secteur manufacturier développé au siècle précédent, notamment à Montréal, s’ajoutent de nouvelles industries :
« Or, voici qu’à la toute fin du [19e] siècle se développent plusieurs secteurs nouveaux, basés sur l’exploitation des richesses naturelles, qui, en quelques années, modifient profondément la structure industrielle québécoise. Ces nouveaux secteurs sont l’hydroélectricité, les pâtes et papiers, l’électrométallurgie, l’électrochimie et les mines. [...]
Les établissements [de ces nouvelles industries] s’installent soit près des matières premières, pour en réduire le coût de transport, soit près des sources d’énergie [hydro]électrique. Plusieurs de ces nouveaux établissements se situent hors de l’ancienne zone industrielle, à la périphérie du Québec habité [en région] [...].»
Service national du RÉCIT, domaine de l'univers social. Licence : Creative Commons (NY-NC-SA).
Source du texte :
Paul-André Linteau, René Durocher, Jean-Claude Robert, Histoire du Québec contemporain, tome 1 : De la Confédération à la crise (1867-1929), Montréal, Boréal, 1989, p. 409.
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