Gutenberg et la presse à imprimer

L’invention de l’imprimerie (1454) par Gutenberg est la mise en commun de plusieurs savoirs et innovations techniques. En effet, Johannes Gutenberg perfectionne les caractères amovibles (un mélange d’étain, de fer, de plomb et d’antimoine), permettant de les utiliser indéfiniment. Il utilise également la presse à bas afin d’en faire une presse typographique. Activée grâce à un levier, elle permet l’application d’une feuille de papier sur des caractères amovibles. Finalement, l’encre d’impression inventée par Gutenberg permet non seulement de substituer l’encre de Chine, mais de ne pas abîmer le support. Ainsi, dès 1454, l’invention de l’imprimerie révolutionne l’Europe.

Une question se pose alors : Quelles sont les conséquences de l’invention de l’imprimerie par Gutenberg ? 

Grâce à l’imprimerie, l’accès à la bible est facilité, puisque celle-ci est disponible dans différentes langues et non plus exclusivement en latin. Elle permet donc à plus de gens, bien qu’il s’agisse encore d’une infime minorité, d’avoir accès aux écrits de la bible sans l’intermédiaire des religieux, ce qui mènera à des interprétations différentes de celle-ci.

L'imprimerie facilite l’accès aux savoirs de l’Antiquité, tels que les écrits de Platon, d’Aristote ou d'Hippocrate. L’idée selon laquelle l’être humain est en contrôle son destin ainsi qu’une réflexion quant à sa place dans l’univers émerge et se diffuse rapidement. De plus, les savoirs s’émancipent peu à peu des pouvoirs politique et religieux. 

Les sujets et les disciplines abordés dans les textes antiques sont variés (philosophie, médecine, chirurgie, moralité, etc.) et permettent l’avancement de la connaissance partout en Europe. En effet, les livres en circulation sont plus nombreux, sont produits plus rapidement et sont également plus abordables pour les universités.

Les 95 thèses de Martin Luther, critiquant notamment la vente d’indulgences par l’Église catholique, sont imprimées à plus de 300 000 exemplaires entre 1517 et 1520 grâce aux nouveaux procédés d’impression de Gutenberg. Les 95 thèses seront la base du protestantisme en Europe, mais également le début d’une vague de contestation de l’Église catholique romaine.

Ouvertement en conflit avec l’Église catholique, Martin Luther est excommunié. Le protestantisme gagne toutefois en importance dans le Saint-Empire romain germanique, en France et en Angleterre, favorisant l’apparition des Églises protestantes (luthérienne, presbytérienne, anglicane et calviniste).

« [...] la diffusion de l’imprimerie dans toute l’Europe occidentale est très rapide, commençant par les villes allemandes proches de Mayence (Bramberg, Nuremberg, Francfort). Une Bible est imprimée à Strasbourg dès 1459, une imprimerie est établie à Paris en 1470. En 1480, des ateliers typographiques fonctionnent dans 110 villes d’Europe, en 1500, elles sont 236. L’impact de l’imprimerie [...] sera bien sûr immense, elle transforme les conditions de diffusion, de stockage et donc de production de la connaissance.»

« Au Moyen Âge, une infime partie de la population sait lire et écrire. Certains clercs et membres de la noblesse sont lettrés. La langue dominante de la culture écrite est le latin. La transmission des connaissances et des histoires se fait surtout par la parole, et le livre en tant que support n'est pas toujours présent. Il est même absent de la majeure partie des foyers dans les villes et les campagnes. »

« [...] Une conséquence de la production massive de textes imprimés au cours du [16^e siècle] fut de porter, en Europe, la proportion des lecteurs à 20% de la population adulte. Les Églises soutenaient cette évolution. Outre l'accès à la Bible [...], aux psaumes et au catéchisme, l'alphabétisation était en effet utile à la diffusion de la doctrine chrétienne, à la compréhension des textes de morale, au développement de la culture du peuple et à son éducation. »

« Les chiffres de tirage vont de 500 à 1 000 exemplaires pour les ouvrages savants, 1 000 à 2 000 pour les livres d’intérêt général, plusieurs milliers pour les livres scolaires et surtout les livres d’heures (jusqu’à 10 000 exemplaires).

Le coût du papier représente entre 40 % et 50 % du prix de la fabrication [...]. Dans l’atelier, le travail se fait en continu : les pressiers tirent 180 feuilles à l’heure, soit 1 300 à 1 500 feuilles imprimées recto et verso chaque jour, et le correcteur doit intervenir rapidement, pour que, le nombre de pages voulu étant imprimé, les caractères puissent être rendus aux compositeurs. »