Le Canada-Uni après l’Acte d’Union en 1840

Le Canada vers 1896

Contexte

Au lendemain des rébellions de 1837-1838, Lord Durham recommande l’union du Haut et du Bas-Canada avec l’objectif avoué d’assimiler les Canadiens français à la population anglophone. C’est le réel début d’une coexistence politique entre les deux nations.

La fédération canadienne de 1867

Le 2 juillet 1867, au lendemain de la signature de l’Acte de l’Amérique du Nord britannique, un journaliste de La Minerve décrit l’événement avec beaucoup d’enthousiasme :

« Le Canada est maintenant une puissance, non seulement dans son titre, mais encore dans sa force, dans sa population, dans ses richesses, dans ses moyens d’avenir. [...] Les nations se réunissent pour poser ensemble les bases de leur existence; elles se réunissent pour se défendre contre un ennemi commun; elles se réunissent pour mieux assurer le développement de leurs ressources, pour se donner plus de force et plus de courage, pour marcher plus vite à la prospérité, à la grandeur, au progrès [...] »

Qu’est-ce qui a précédé la fédération des provinces canadiennes? Comment se caractérisent les premières années de cette fédération?

Document 1 : Le traité de réciprocité

«Le gouverneur général Elgin suggère la négociation d’un traité de réciprocité commercial avec les États-Unis. [...] La réciprocité, ce n’est pas tout à fait le libre-échange : on s’entend avec le gouvernement américain sur une liste de biens qui pourront passer la frontière sans droits de douane, des produits agricoles et des matières premières, mais aucun produit manufacturé. Les États-Unis ont moins à gagner que le Canada sur le plan commercial. On offre cependant l’accès aux pêcheries au large des côtes canadiennes aux navires étatsuniens [...].

Le traité de réciprocité commerciale, valide pour une durée de dix ans, est finalement signé en 1854. L’une ou l’autre des parties peut y mettre fin sans préavis. C’est ce [que font les États-Unis] en 1866 [...] »

Question : Quel lien peux-tu faire entre le texte et le graphique?

Un chemin de fer transcontinental

En 1871, la Colombie-Britannique se joint à la fédération canadienne. Les représentants de la nouvelle province ont longtemps hésité entre l’annexion au Canada ou aux États-Unis. Pour les attirer, le gouvernement canadien, avec l’accord des autorités de l’Empire britannique, lui fait une offre généreuse. Les dettes importantes de la Colombie-Britannique seront épongées. Par ailleurs, un chemin de fer sera construit jusqu’au Pacifique pour relier la nouvelle province au reste du pays. Cela permettra à de nouveaux arrivants de rejoindre leur terre d’immigration et à la province de faire partie du marché économique canadien. Après bien des difficultés, la construction du réseau ferroviaire s’échelonne de 1881 à 1885.

Honoré Mercier et l’autonomie provinciale

« Selon [Honoré] Mercier, le Québec doit s’affirmer comme nation française et catholique. Et il faut sauvegarder les éléments de cette nationalité. Aussi adopte-t-il à l’égard du gouvernement fédéral une attitude fortement autonomiste [...] Le premier ministre du Québec convoque alors, en octobre 1887, une conférence interprovinciale - la première depuis 1867 - pour discuter de l’autonomie provinciale et des subventions fédérales. Les délégués des cinq provinces - Île-du-Prince-Édouard et la Colombie-Britannique ayant décliné l’invitation, cherchent le moyen d’enrayer la montée du gouvernement central trop puissant et de remédier à l’entente financière inéquitable et insuffisante de 1867. [...] La demande pour l’augmentation des subventions s’appuie sur le fait que les provinces sont dans le besoin et que les revenus du gouvernement central augmentent sans cesse. »

La fin du protectionnisme britannique

« Jusqu'aux années 1840, le gouvernement britannique accorde une protection douanière aux produits importés de ses colonies, nord-américaines ou autres. Lorsque Londres décide d'éliminer graduellement cette protection et d'adopter une politique de libre-échange, les produits canadiens ont de la difficulté à trouver preneur sur les marchés internationaux, et ce, en raison de leurs prix élevés.

Le rappel des lois britanniques sur les céréales, en 1846, suivi de celui, progressif, de la Canada Corn Act, en 1849, et de celui, progressif également, des tarifs préférentiels sur le bois d'œuvre, en 1847 et 1848, ont marqué un important changement dans l'économie canadienne. Celle-ci dépendait fortement, jusqu'alors, des tarifs préférentiels britanniques. C'est à partir de ce moment que le Canada commence à se tourner vers les États-Unis comme partenaire commercial. »

La politique nationale

En 1879, le premier ministre du Canada adopte la politique nationale dans le but de sortir le pays de la crise économique. Le schéma ci-contre illustre les trois volets de cette politique qui sont interreliés.

Le Rep by pop

L’Acte d’Union prévoit que le Canada-Est et le Canada-Ouest disposeraient d’un nombre égal de représentants à l’Assemblée législative, peu importe la taille de leur population. Dans les années 1850, toutefois, les députés du Canada-Ouest se mettent à réclamer le « Rep by pop », c’est-à-dire une représentation proportionnelle à la taille de leur population.

À partir de 1854, aucun parti ne parvient à dominer la scène politique, ce qui provoque une période d'instabilité ministérielle. Les alliances entre les députés du Canada-Est et du Canada-Ouest sont trop fragiles pour durer. Dès qu’un sujet délicat est débattu à la Chambre d’assemblée, ces alliances s’écroulent. En 10 ans, 10 gouvernements se succèdent au pouvoir.

Les soulèvements des Métis

«À l'automne 1869, les premiers arpenteurs débarquent à la colonie de la rivière Rouge pour prendre possession des terres agricoles que les Métis ont reçues de la Compagnie [de la Baie d’Hudson] en récompense de leurs services, terres qu'ils se transmettent de génération en génération sans titres de propriété écrits.

L'objectif du gouvernement d'Ottawa est de construire une route reliant [...] la rivière Rouge, à la province de l'Ontario. Devenu le chef des Métis en raison de son instruction, Louis Riel, flanqué de 18 hommes, se rend à Pointe-des-Chênes [...] C'est le début de la résistance métisse. [...] [Les Métis] obtiennent gain de cause à Ottawa et le Parlement vote la loi qui annexe la rivière Rouge à la Confédération sous le nom de province du Manitoba. »

15 ans plus tard, Louis Riel et les Métis sont confrontés au même problème dans la future province de la Saskatchewan, le Canada voulant s’étendre à nouveau vers l’ouest. Après un soulèvement armé, Riel est jugé et pendu pour haute trahison par le gouvernement fédéral.

Le gouvernement responsable

Par l’Acte d’Union, le gouvernement britannique unit les deux Canadas en une seule colonie, qui ne possède qu’une seule Chambre d’assemblée. Toutefois, Londres n’accorde pas la responsabilité ministérielle* au gouvernement canadien, malgré les demandes répétées de ses députés.

Afin d’atteindre cet objectif, les députés réformistes menés par Robert Baldwin proposent à leurs collègues du Canada-Est, dirigés par Louis-Hippolyte Lafontaine, de former un partenariat politique. En 1841, cette alliance parvient à faire élire une majorité de députés. Toutefois, ce n’est qu’en 1848 que le gouvernement de Londres finit par accorder la responsabilité ministérielle à la colonie canadienne.

* Responsabilité ministérielle : dans ce type de régime parlementaire, les membres du conseil exécutif doivent être issus de la majorité élue à la Chambre d’assemblée et recevoir son appui en tout temps. S’ils perdent l’appui de la Chambre, ils sont contraints de démissionner.