Contexte

Depuis le début du 17e siècle, un climat d’hostilité règne entre les Français et les Iroquois, d’autant plus que ces derniers sont alliés avec les Anglais. Les Français, qui mènent des campagnes militaires contre leurs ennemis dans la deuxième moitié du 17e siècle, parviennent à affaiblir les Iroquois. Il faut dire que les épidémies ont déjà considérablement épuisé leur population. En 1697, le traité de Ryswick met fin aux conflits armés entre Anglais et Français, ce qui isole les Iroquois contre les Français. Comment parviendront-ils à conclure la paix?

Les raids iroquois

« Il s’agit essentiellement d’une forme de guérilla, dont le principal objectif est d’infliger des pertes, de capturer des prisonniers et de prélever des scalps, tout en épargnant le plus possible ses propres troupes. Pour ce faire, les guerriers se déplacent ordinairement en petits groupes et cherchent à fondre sur l’ennemi par surprise ou à l’encercler, tout en évitant d’être victimes des mêmes tactiques de la part de l’adversaire.

Il s’agit de tirer parti du terrain pour rester dissimulés et tendre une embuscade à l’ennemi, ou de fondre sur un camp la nuit pour en surprendre les occupants en plein sommeil. Après avoir atteint leur objectif, les guerriers battent en retraite avant que la riposte puisse s’organiser. [...] Un commentateur contemporain écrit des Iroquois : « Ils se tiennent souvent derrière leurs arbres deux ou trois jours sans manger, attendant l’occasion favorable pour tuer un ennemi. »

Question : Selon toi, quelles différences y a-t-il entre la manière dont se déroulent les combats européens et autochtones?

Hostilités entre Iroquois et Français

« Or, les hostilités [entre les Français et les Iroquois], provoquent une expédition militaire française contre les Tsonnontouans en 1687. En 1689, une armée iroquoise attaque le village de Lachine, tuant une partie des habitants et amenant les autres prisonniers. Ce “massacre de Lachine” sème l’émoi à Montréal. Au cours des années suivantes, les raids iroquois sont fréquents dans toute la région.

Le gouverneur Frontenac réplique d’abord en organisant des raids punitifs contre des villages des colonies anglaises, puis en entreprenant, en 1696, une expédition militaire contre des villages iroquois. Celle-ci met fin au conflit, mais Frontenac cherche à établir une paix durable. Ce projet sera poursuivi par son successeur, Callière [...]. »

Les négociations

« À Montréal, la communauté d’accueil reçoit ses hôtes par une salve d’artillerie*, puis par des poignées de main, deux pratiques européennes. [...]

Les négociations se déroulent sous forme de conseils publics et d’audiences privées qui se tiennent dans la cour arrière de la résidence du gouverneur Callière. Mis à part les leaders les plus âgés, les [Autochtones] s’assoient par terre sur des nattes de jonc ou sur des feuilles d’écorce ; les Français utilisent des sièges.

Le premier à prendre la parole est le gouverneur Callière puisqu’il est de mise que celui qui a convoqué l’assemblée ouvre la conférence. Chaque proposition doit être clairement énoncée, et toutes les personnes présentes doivent l’écouter attentivement, sans interrompre celui qui la formule. [...] Ces mandataires ne parlent que le collier ou la ceinture de wampums** à la main. »

*Salve d’artillerie : tirs d’armes à feu simultanés.

**Collier de wampums : collier de coquillages autochtone.

Les cadeaux diplomatiques

Au moment des négociations ou des échanges commerciaux, les Autochtones avaient l’habitude d’accompagner leur discours de cadeaux : colliers, wampums, castors, etc. Les Français firent rapidement la même chose.

La perception que les Français et les Autochtones ont de ces cadeaux n’est pas la même. Pour les Autochtones, ils sont perçus comme des preuves de générosité et des témoignages de l’alliance conclue. Pour les Français, il s’agit plutôt de pots-de-vin ou de salaires versés.

Dès les années 1680-1690, les Français adoptent cette pratique très régulièrement. Aussi, les sommes allouées à ces cadeaux diplomatiques finissent par représenter entre 5 et 10% du budget annuel de la colonie au 18e siècle.

Faits saillants sur la Grande Paix de Montréal

La signature du traité

« Après ces discours, on apporta au chevalier de Callière un grand calumet, orné de magnifiques plumes, qu’il fuma. Ce calumet lui avait été remis par le chef des Miamis, Chichicatalo, l’un des personnages les plus influents des Pays-d’en-Haut. Monsieur de Champigny et monsieur de Vaudreuil le fumèrent également. On porta ensuite le calumet aux Iroquois et aux députés de tous nos alliés, qui à tour de rôle firent de même. Enfin tous les ambassadeurs présents apposèrent leurs marques respectives au bas du traité : un orignal, un castor, un ours, un chevreuil ou d’autres animaux. »

Préparer la paix

« Aussi Callière dépêcha-t-il deux ambassadeurs, Le Gardeur de Courtemanche, soldat et diplomate, et le père jésuite Jean Enjalran, pour préparer à l’ouest le rendez-vous de 1701. La mission des deux hommes roulait sur trois points : d’une part, se rendre chez “toutes les nations d’en haut” pour leur apprendre les accords de septembre et les leur “faire accepter et signer”; d’autre part, convaincre les chefs alliés de se rendre à Montréal “au commencement d’août” 1701, accompagnés de tous leurs captifs iroquois, en vue d’un échange général des prisonniers [...].

Parallèlement à cette mission diplomatique française, Kondiaronk* et Koutaoiliboe** [...], menèrent eux aussi une politique soutenue et d’ailleurs beaucoup plus décisive pour engager les différentes nations de l’alliance à venir pactiser avec les Iroquois à Montréal. »

* Kondiaronk : chef très influent de la nation des Tionontatés (Hurons Pétuns)

** Koutaoiliboe : chef de la nation des Outaouais