« Deux personnes sur trois habiteront probablement dans des villes d’ici 2050, selon les Nations unies.

Cela signifie qu’environ 2,5 milliards de personnes pourraient être ajoutées aux zones urbaines d’ici le milieu du siècle, en raison [...] de la croissance démographique globale, a précisé le Département des affaires économiques et sociales (DESA) de l’ONU.

Cette urbanisation devrait se concentrer fortement dans quelques pays seulement.

« Ensemble, l’Inde, la Chine et le Nigéria représenteront 35% de la croissance prévue de la population urbaine mondiale entre 2018 et 2050 … On prévoit que l’Inde aura ajouté 416 millions de citadins, la Chine 255 millions et le Nigéria 189 millions », a indiqué DESA, annonçant mercredi les résultats de ces derniers chiffres collectés.

Selon l’étude d’ici 2030, le monde pourrait avoir 43 « mégapoles » de plus de 10 millions d’habitants, contre 31 aujourd’hui. La plupart d’entre elles seraient situées dans des pays du sud dits en développement. »

Ce sont les pays dits en voie de développement qui connaissent aujourd'hui un fort accroissement urbain. Cela s’explique non seulement grâce à un taux de natalité élevé, mais surtout parce que ces pays rattrapent les pays les plus industrialisés au plan économique.

En effet, l’industrialisation de l’économie coïncide toujours avec l’urbanisation. De l’Angleterre du 19e siècle à la Chine d’aujourd’hui, les usines attirent les populations en ville et favorise l’émergence de secteurs d’emplois basés sur les services, afin de répondre aux besoins grandissants de ces nouvelles populations urbaines.

Il y a aussi l'attractivité des villes aux yeux des populations rurales est l’un des facteurs clefs pour comprendre le phénomène. Car c’est souvent dans les villes que l’on retrouve la majorité des services (école, internet, eau potable, etc.). Ce qui crée un phénomène de migration interne, où les populations d’un même pays s’organisent autour des grands centres urbains.

À titre d’exemple, en 2013, 60 % de la population urbaine d’Asie du Sud avait accès à des installations sanitaires, contre 28 % de la population rurale. En Afrique subsaharienne, pour la même période, ces chiffres sont de 42 % contre 28 % respectivement.

« Les disparités entre les zones urbaines et rurales sont évidentes. Les mégalopoles et les grandes villes sont les plus nanties et ont un bien meilleur accès aux services publics de base ; les villes de petite taille [...] et les zones rurales sont les plus démunies », a expliqué Kaushik Basu économiste en chef et vice-président de la Banque mondiale pour l'Économie du développement.

Finalement, l’instabilité politique ou les catastrophes naturelles peuvent contribuer au phénomène. En effet, les villes représentent souvent un espace relativement sécurisé pour les réfugiés.

Selon les Nations unies, un bidonville est un quartier défavorisé se caractérisant par des logements insalubres, construits avec des matériaux de récupération, souvent squattés (c’est à dire, que les habitants occupent les lieux sans la permission du propriétaire du terrain) et n’ayant pas accès aux services de base (eau, électricité, égouts). La présence de bidonville est souvent associée à une croissance rapide des villes et à des problèmes au niveau de la planification urbaine. Le bidonville représente une avenue rapide et bon marché pour les nouveaux migrants, alors que l’urbanisation rapide rime trop souvent avec crise du logement abordable.

« C'est une lueur d'espoir à Gesr Suez, un quartier populaire du Caire [la capitale de l’Égypte]. Ce dimanche, des secouristes ont sorti un nourrisson de six mois des décombres d'un immeuble effondré, alors que le bilan de l'incident s'est alourdi à 25 morts. La mère, le père et la sœur du bébé avaient déjà été retrouvés morts, mais les équipes ont continué à chercher son frère aîné, qui est toujours porté disparu. L'état de santé du jeune garçon était stable ce dimanche, a déclaré un responsable de l'agence de protection civile du pays. [...] 

Les effondrements de bâtiments ne sont pas rares en Égypte, où les constructions de mauvaise qualité sont très répandues dans les bidonvilles, les quartiers pauvres et les zones rurales. [...] Le gouvernement égyptien a récemment lancé une campagne de répression contre les constructions illégales, emprisonnant les contrevenants et détruisant les bâtiments dans de nombreux cas. »

« En raison du rythme élevé de la croissance démographique, l’ONU estime les besoins en Afrique à 4 millions de logements supplémentaires chaque année. Si ceux-ci ne sont pas fournis par une offre formelle et planifiée, ils se développent par auto-construction.

Or, les pays dont la majorité des citadins habite dans des quartiers précaires sont les États les plus pauvres. [...] La probabilité pour que leurs gouvernements réussissent à mettre en place une planification rationnelle anticipant l’ensemble des besoins en logements est très faible. 

Outre l’intégration des bidonvilles aux services municipaux une autre piste de solution est la création de villes nouvelles en périphérie des grandes métropoles, mais celles-ci ont connu des succès variables. En effet, de nombreux observateurs soulignent le fait que ces villes nouvelles n’attirent pas massivement les populations, en particulier lorsqu’elles sont éloignées des lieux d’emploi et mal desservies. »

L’urbanisation rapide dans les pays dits en voie de développement amène une série de défis et d’opportunités pour les villes. D’un côté, elles deviennent des pôles économiques plus incontournables que jamais, où les industries et les entreprises ont tout intérêt à s'établir. Mais de l’autre l’accroissement de la population urbaine peut devenir un problème lorsque la ville est incapable de fournir les infrastructures nécessaires au logement. 

Parce que les pays défavorisés sont souvent ceux qui connaissent l’accroissement démographique le plus important, il est fréquent que les gouvernements locaux n’aient pas les moyens de mettre en place des politiques de logement capable de subvenir aux besoins de leur population grandissante, ce qui amène la création de bidonvilles. Si la main-d'œuvre vivant dans les bidonvilles est souvent essentielle au bon fonctionnement de la ville, les enjeux de sécurité et de salubrité posés par ces quartiers improvisés posent des maux de tête aux autorités locales. De plus, les terrains squattés par les habitants peuvent avoir une certaine valeur sur le marché, il est donc tentant pour les autorités de vouloir les vendre aux plus offrants. 

Néanmoins, vendre les terrains et expulser les habitants ne constitue pas une solution, puisque ces derniers devront s’établir ailleurs, ce qui mène à la création de nouveaux bidonvilles. Pour les villes deux solutions s’imposent, tenter d’aménager les bidonvilles, afin de les rendre plus sécuritaires, ou construire des nouveaux logements qui seront desservis par les services municipaux et qui respecteront les normes de construction. 

Les habitants des bidonvilles proviennent souvent de différents milieux, certains y vivent depuis des générations, d’autres sont des immigrants ou des réfugiés à la recherche de meilleures conditions; certains sont chômeurs, d’autres sont des travailleurs qui ont des difficultés à joindre les deux bouts. Mais ils dépendent tous du tissu social du bidonville, que ce soit pour y faire des affaires; parce que leur réseau de soutien s’y trouve (famille et amis); ou tout simplement parce qu'ils n’ont pas les moyens de vivre ailleurs. 

Les conditions de vie dans les bidonvilles sont malgré tout difficiles, par exemple l’absence de système sanitaire augmente les risques d’attraper des maladies, l’absence de norme de construction rend ces quartiers vulnérables aux incendies et parce qu’ils sont considérés squatteurs par la ville, les habitants peuvent se voir expulser sans grand recours légal pour les protéger.

La vitalité économique associée aux grandes villes dans les pays dits en voie de développement fait en sorte que la demande en logements et infrastructures est en hausse constante. Pour les promoteurs immobiliers, c’est une occasion d'affaires importante. Tours à bureaux, appartements de luxe, logements, etc. la demande en habitation provient à la fois des résidents de la cité comme de l’internationale. 

En parallèle, la demande de logement étant élevée, cela entraîne une hausse des prix et rend l’accès au logement difficile pour les populations. Ce qui crée une pression à la hausse sur la construction de nouvelles habitations. Mais il n’est pas toujours simple de répondre à la demande. En effet, parce que la plupart des métropoles se développent en bordure de l’eau, l’espace y est souvent limité. 

Résultat la demande forte combinée à l’espace limité peut amener certains promoteurs à vouloir raser des bidonvilles afin d’y construire. Cette idée peut également être séduisante pour la classe moyenne qui est à la recherche de nouveaux logements. Mais la destruction simple des bidonvilles ne fait que déplacer le problème puisque les habitants n’auront nulle part où aller, sinon dans d’autres bidonvilles. Les villes peuvent atténuer le phénomène en exigeant la construction de logement abordable de la part des promoteurs, en échange d’un droit de construire. Mais ce genre de logement est beaucoup moins rentable. 

Environ 351 bidonvilles du Caire sont jugés dangereux par les autorités égyptiennes. En conséquence, les 800 000 habitants des bidonvilles seront éventuellement transférés dans des appartements en hauteur dans la capitale le Caire.

La décision fait suite aux effondrements fréquents de bâtiments et à un glissement de terrain en 2008, qui a tué quelque 130 habitants de taudis.

Mayar Mohammed est l’une des premières habitantes de taudis à avoir déménagé dans les nouveaux bâtiments du gouvernement : « je jure devant Dieu que nous vivions une vie très difficile. Nos maris ne sont pas vraiment au courant. Mais je devais aller chercher l’eau à un endroit éloigné, je devais monter des marches raides juste pour obtenir de l’eau. J‘étais très fatiguée. Mais ici, la meilleure chose que nous avons (dans notre nouvelle maison) est l’accès à un verre d’eau. Ceci est la meilleure chose. »

Les deux premières phases du projet comprennent 12.000 appartements. Une fois terminé, il abritera 100.000 personnes. »

« Port-au-Prince compte plus de 350 bidonvilles [...]. Cité Soleil, le plus gros bidonville des Caraïbes, regroupe à lui seul 300 000 individus. « Ces cités sont de véritables micro-sociétés laissées à l'abandon par un État qui dispose de peu de ressources », raconte Jean Goulet. « Il est vrai que la majorité des résidents sont pauvres, [...] mais tous les milieux sociaux y sont représentés. Même des employés et des professeurs d'université habitent dans des  bidonvilles », poursuit M. Roy. 

Malgré un développement apparemment anarchique, les bidonvilles sont animés par des comités de quartier, structures de pouvoir local, qui ont imposé des règles d'organisation sociale, non codifiées mais partagées par la population. Cela dit, ces quartiers manquent d'infrastructures et les problèmes de salubrité publique, comme la gestion des déchets et l'accès à l'eau potable, sont particulièrement criants. C'est pourquoi [des] ONG haïtiennes, travaillent à mettre en place des fontaines publiques dans différents quartiers. 

Certains décideurs politiques haïtiens, influencés par la vision occidentale du développement urbain, croient que les bidonvilles ne devraient pas exister et considèrent qu'il suffit de les raser et de reconstruire à neuf. » 

« Bombay - Le bidonville [le plus célèbre d'Inde], Dharavi, craint de perdre son âme et sa vaste économie informelle: un projet immobilier de Bombay prévoit de le raser.

Les autorités indiennes veulent les remplacer par des tours et des centres commerciaux et comptent engager pour ce faire un promoteur immobilier chargé de détruire et reconstruire Dharavi.

Les partisans du projet estiment qu'il permettra de sortir des centaines de milliers de personnes de la pauvreté. Ses détracteurs affirment qu'il détruira le tissu social du quartier et bénéficiera surtout aux promoteurs. [...]

La municipalité de Bombay a essayé pour la première fois de développer Dharavi il y a deux décennies. Mais plusieurs tentatives ont échoué en raison de la difficulté que représente le déplacement massif d'habitants du bidonville, qui dépendent du travail informel pour survivre. [...]

Le projet ambitieux de ce promoteur, au coût estimé à 4 milliards de dollars, comprend la destruction de dizaines de milliers d'habitations informelles pour les remplacer par des centaines de tours comprenant jusqu'à 30 étages.

La vie des résidents de Dharavi « sera améliorée sans détruire leur tissu social. Ce sera un modèle pour le reste du monde », affirme [le promoteur].

Mais de nombreux habitants de Dharavi restent sceptiques face à cet énième projet d'urbanisme. S'ils accueilleraient volontiers un nouveau logis moderne avec salles de bain privée et eau courante, ils craignent que ce confort matériel ne se paye par la perte de leur activité économique. »

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« La Comuna 13 a longtemps été le quartier le plus dangereux, le plus violent de Medellin. Les forces de l’ordre ne s’y aventuraient pas. [Ce bidonville] était un bastion de [groupes paramilitaires], qui ont fini par être délogés par l’armée en 2002, après plusieurs jours de combat [...] En 2003 [...] Sergio Fajardo, est élu maire. Le pari de Fajardo paraît alors utopique: il veut rendre aux 3,3 millions d’habitants de l’agglomération un certain sentiment de sécurité, non pas seulement par la répression [...] mais aussi par la culture et l’urbanisme. La mairie se lance dans une ambitieuse politique d’investissements publics, en commençant par les [bidonvilles].

[En plus des investissements massifs en éducation et en culture], la mairie a mené un vaste programme de développement du réseau de transports publics, à partir du métro existant. L’innovation la plus emblématique en termes d’inclusion sociale, est celle du «Métrocâble» qui transpose un système de télécabines [...] conçu initialement pour les stations de ski, aux quartiers de Medellin, [le tout étant combiné à des escaliers mécaniques]. Comme dans la plupart des villes d’Amérique latine, les plus pauvres habitent dans des bidonvilles flanqués sur les montagnes entourant les quartiers plus favorisés. Les pentes sont fortes, les routes très mauvaises, rendant difficile ou impossible l’implantation de transports publics classiques. [Grâce à ces infrastructures] les 130.000 habitants de la Comuna 13 peuvent désormais atteindre le sommet du bidonville en 10 à 15 minutes, contre bien plus d’une heure auparavant. Et ils n’ont plus à traverser chaque jour des zones qui restent dangereuses. »