Contexte

Le 10 septembre 1939, le Canada déclare la guerre à l’Allemagne, une semaine après la Grande-Bretagne. Les soldats canadiens joueront un rôle important dans la victoire des Alliés, mais le coût en vies humaines sera élevé. Au total, plus de 42 000 soldats tombent au front pendant le conflit, et quelques 53 000 sont blessés, portés disparus ou non rapatriés. Pendant ce temps, la population restée au pays subit les contrecoups de la guerre.

La propagande

Observe chacune des affiches de propagande du gouvernement canadien durant la Seconde Guerre mondiale .

• Qu’ont-elles en commun?

• Quel(s) message(s) veulent-elles envoyer à la population canadienne?

• Peux-tu nommer des symboles qui se retrouvent sur plus d’une affiche?

Source des images :

Nichol, Get your teeth into the job (1941 ou 1942), Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 3125357. Licence : image du domaine public.

Car ton bras… sait porter l’épée (entre 1939 et 1945), Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 3305427. Licence : image du domaine public.

Bring him home victorious, back the attack, buy the victory bonds and keep them (entre 1939 et 1945), Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 3673999. Licence : image du domaine public.

Albert Chartier, C'est là-bas qu'on les arrête! (entre 1939 et 1945), Bibliothèque et Archives Canada, C-087132, MIKAN 2846787. Licence : image du domaine public.

Par ton travail - combats (entre 1939 et 1945), Bibliothèque et Archives Canada, C-087116, MIKAN 2846789. Licence : image du domaine public.

Marian Scott, Notre force, la voilà! - L'énergie électrique(entre 1939 et 1945), Bibliothèque et Archives Canada, C-111070, MIKAN 2846742. Licence : image du domaine public.

Fritz Brandtner, Notre force, la voilà! - L'agriculture (entre 1939 et 1945), Bibliothèque et Archives Canada, C-087510, MIKAN 2846763. Licence : image du domaine public.

Charles Fainmel, Notre force - la voilà - Ouvriers et patrons (entre 1939 et 1945), Bibliothèque et Archives Canada, C-087501, MIKAN 2834350. Licence : image du domaine public.

Les femmes dans l’industrie de guerre

«En mars 1942, le gouvernement met sur pied le Service national sélectif (SNS) qui a pour mandat de mobiliser et de contrôler la main-d’œuvre canadienne. En fait, c’est le recrutement de la main-d’œuvre féminine qui constitue le but principal du projet et en mai 1942, on crée une section féminine. [...]

“La première qualité requise pour certaines besognes de l’industrie de guerre est d’avoir [...] du doigté féminin”, lit-on dans La Presse du 23 mai 1941. Ce quotidien affirme aussi que l’expérience du travail ménager s’applique très bien au nouveau travail de la femme : “ le maniement des engins de guerre ne l’embarrasse pas plus que les aiguilles à tricoter” (15 juillet 1941); ou encore: “il n’est pas plus difficile de suivre une formule pour le remplissage des obus qu’une recette de gâteau” (12 février 1944).»

En 1943-1944, 439 000 femmes travaillent dans les secteurs des services de l’économie canadienne et 373 000 dans les industries manufacturières.

Discours de Mackenzie King

« Le principe suivi par le Gouvernement est de veiller à ce que tout homme et toute femme capable d'accomplir quelque forme de service de guerre, remplisse les fonctions les mieux adaptées à ses aptitudes et aux besoins de guerre. [...]

Il faut des hommes et des femmes pour fabriquer les machines, les munitions et les armes de guerre pour nos soldats, et [...] pour nos alliés. Il faut encore des hommes et des femmes pour fournir des vivres à la population civile et aux armées de nos alliés dans les zones du front. [...]

Pendant les quelques minutes qui m'ont été accordées, j'ai essayé de vous faire comprendre la grandeur du danger et le pressant besoin d'un effort sans ménagement de la part de tous. On ne saurait répéter trop souvent que la conservation de la liberté dans le monde est en jeu. »

Au pas, ménagères, au pas !

Pour répondre aux immenses besoins de la production de guerre, le gouvernement fédéral met sur pied un programme de récupération des déchets domestiques.

« On transforme les chiffons en tapis, en pansements, en paletots*, en couvertures. On récupère tout : bas de laine, draps, chandails [...]. On utilise le métal récupéré pour la fabrication de chars d’assaut, des canons, des obus et des avions; il en faut une tonne pour produire 150 boîtes d’obus de neuf kilos. Malléable et léger, l’aluminium constitue sans contredit l’un des métaux les plus précieux en temps de guerre. On demande donc aux ménagères de déposer les casseroles et les ustensiles hors d’usage à l’épicerie où ils seront ensuite ramassés. [...] »

*Paletots : veste que l’on porte au-dessus d’autres vêtements, un manteau.

La crise de la conscription

En 1941, alors que le recrutement des soldats s’essouffle et que la guerre perdure, de nombreux Canadiens anglais commencent à réclamer la conscription, c’est-à-dire l’enrôlement obligatoire des hommes dans l’armée. Mais au début de la guerre, le premier ministre canadien Mackenzie King a promis de ne pas recourir à une telle méthode. En avril 1942, il demande à la population de le libérer de son engagement par un plébiscite, un événement qui échauffe les esprits et nourrit les débats.

Après avoir reçu le feu vert, le gouvernement fédéral adopte un projet de loi autorisant la conscription obligatoire pour le service outre-mer si cela devient nécessaire. Toutefois, il ne met cette loi en oeuvre qu’à partir de novembre 1944.

Quelques chiffres sur l’économie de guerre

• Le budget militaire du Canada passe de 18 299 000$ en 1939-1940 à 4 857 629 000$ en 1943-1944.

• La moyenne des salaires hebdomadaires passe de 21,26$ en 1939 à 30, 88$ en 1945.

• L'industrie canadienne produit plus de 800 000 véhicules militaires de transport, 50 000 chars, 40 000 canons et 1 700 000 armes portatives.

• La production dans l'avionnerie passe à 4 000 avions militaires par année à la fin de la guerre. À son apogée, l'industrie emploie 120 000 hommes et femmes.

Contrôle des prix et rationnement

Parce que certaines denrées alimentaires de base commencent à se faire rares et pour que la population participe plus activement à l’effort de guerre, le gouvernement fédéral demande à la population d’acheter et de consommer moins. En 1942, il instaure un système de rationnement par coupons.

La première denrée qui soit rationnée est le sucre, ce qui oblige la population à changer ses habitudes alimentaires. Suivent ensuite le beurre, le miel, les confitures, les marmelades, la mélasse, le sirop, la viande, le café et le thé. La consommation d’essence est également limitée, tout comme la vitesse autorisée sur les routes. En effet, à 65 km/heure, les voitures usent moins leurs pneus et utilisent moins d’essence.

Retour au plein-emploi

« La guerre, ou plutôt l’effort de production inouï que la guerre a nécessité du Canada, a modifié la physionomie du pays [...]. Il ne s’agit pas seulement d’une élimination du chômage généralisé… En dépit des fortes exigences de la trésorerie pour le financement de la guerre, le revenu des consommateurs a augmenté dans divers milieux de la population… L’emploi continu [...] a rayé de la vie, sinon de la mémoire de milliers de familles, le désespoir et la situation tragique de n’avoir aucun moyen de subsistance en perspective et aucun moyen d’entretien [...]. »

La conversion des industries

Dès le début du conflit, la plupart des usines autrefois vouées aux besoins de la population se tournent vers une production de guerre. Par exemple, les industries qui produisaient des vêtements font dorénavant des uniformes militaires, les ateliers de souliers se spécialisent dans la confection de bottes pour les soldats, les usines d’automobiles produisent des chars d’assaut, l’industrie agricole consacre sa production de denrées aux militaires canadiens et alliés alors que l’industrie chimique fabrique des explosifs.

De plus, le gouvernement fédéral contrôle l’ensemble de la main-d’œuvre afin que toutes les énergies soient dirigées vers la production de guerre. Ainsi, les travailleurs doivent obtenir une autorisation officielle pour changer d’emploi, les chômeurs doivent s’enregistrer et les employeurs sont obligés de passer par des agences pour embaucher des employés.

Témoignage de Corinne Kernan Sévigny

« Je suis Corinne Kernan Sévigny, j’avais 19 ans quand je me suis enrôlée dans le Canadian Women’s Army Corps, le CWAC [le Service féminin de l’Armée canadienne] au moment de la grande guerre de 1939 à 1945. [...]

Quand je suis entrée moi, à part des téléphonistes de Bell Telephone, les clerks, les secrétaires, et les trésorières dans les banques, les gardes-malades… j’ai de la difficulté à penser à d’autres grandes ouvertures pour les femmes. Les messieurs étaient partis, il n’y avait personne pour les faire. Alors les femmes les ont faits. [...] Je pense que c’est là qui est arrivé vraiment l’admission que les femmes pouvaient faire quelque chose, ou pouvaient être autre chose de ce qu’elles avaient toujours été, pouvaient prendre leur place si vous voulez, dans la construction d’une guerre. [...]

La vie de tous les jours était une vie nouvelle à cause des demandes physiques, mentales et morales à la population qui restait au Canada. »