Témoignage d’Adèle Lavoie, 19 ans, employée de la manufacture de coton Ste-Anne, à la Commission royale sur les relations du travail avec le capital au Canada (16 février 1888)
L’apparition des manufactures et des usines modifie en profondeur les conditions de travail qui existaient auparavant. La classe ouvrière, alors en pleine croissance, travaille dans des conditions très différentes de celles que nous connaissons aujourd’hui, qu’il s’agisse des horaires, des salaires, de l’âge de certains travailleurs ou des conditions de sécurité qui prévalaient. Dans le témoignage ci dessous, relève des faits qui te surprennent à propos des conditions de travail au 19e siècle.
Le témoignage qui suit livre de nombreuses informations sur les conditions de travail dans les manufactures de coton au 19e siècle. Relève les éléments qui te paraissent surprenants dans ce que dit Adèle sur ses conditions de travail.
Q. Combien étiez-vous payé par pièce? R. Seulement $0.25 par pièce.
Q. Avez-vous payé beaucoup d’amendes? R. Oui, monsieur, si j’avais toutes les amendes que j’ai payées!
Q. Savez-vous à peu près combien d’amendes vous avez payées pendant les trois ans? R. Je ne puis dire combien, mais je crois bien que ça fait au-dessus de 12 à 13 piastres, parce que, à toutes les quinzaines, j’avais toujours 40 à 50 cents d’amendes. [...]
Q. Y a-t-il des enfants qui travaillent dans l’atelier où vous travaillez? R. Oui monsieur, il y a des enfants pour charroyer les fils et les boîtes. [...]
Q. Est-il permis à ces enfants de jouer pendant la journée? R. Non, monsieur. [...]
Q. À quelle heure alliez-vous à la fabrique? R. La journée devait commencer à six heures et demie. [...]
Q. À quelle heure le travail finissait-il? R. Quand on ne travaillait pas le soir, on finissait à six heures et quart et quand on travaillait le soir, à sept heures et quart.
Q. Quand vous travailliez jusqu’à sept heures et quart, aviez-vous un temps de repos pour prendre votre thé ou pour vous reposer? R. Non, monsieur, et si on ne travaillait pas jusqu’à sept heures et quart, on était clairé (renvoyé). [...]
Source de l'image : Lewis Wickes Hine, Femmes travaillant à la Globe Cotton Mill à Augusta, aux États-Unis, (vers 1909). Library of Congress, LC-DIG-nclc-01639. Licence : image du domaine public.
Source du texte : Rapport de la Commission royale sur les relations du travail avec le capital au Canada, Ottawa, 1889, partie I: Témoignages - Québec, p. 311-313, cité dans Michel Brunet, Histoire du Canada par les textes, tome II : 1855-1960, Montréal et Paris, Fides, 1963, p.49-50.