L’UNESCO a établi une série de critères permettant d’évaluer les sites qui méritent leur place dans le patrimoine culturel ou naturel mondial. La Cité interdite répond à quatre des 10 critères de sélection :

L’ensemble architectural représente un chef d’oeuvre du génie humain;

L’ensemble des bâtiments montre l’importance des influences réciproques entre l’architecture traditionnelle et l'architecture des palais chinois des 17e et 18e siècles;

Les palais de la Cité interdite constituent une représentation de la civilisation chinoise à l’époque des dynasties Ming et Qing;

Les palais impériaux représentent une période significative de l’histoire soit celle des différentes dynasties impériales ayant régné sur la Chine entre les 14e et le 20e siècle.

« La Cité interdite porte mal son nom. Le week-end de la Fête nationale de la République populaire de Chine (1er et 2 octobre) draine un bon million de visiteurs vers la résidence impériale des dynasties Ming et Qing [...].

« On croise des centaines de personnes dans les recoins où autrefois seul l'empereur pouvait s'aventurer », commente Dinu Bumbaru, [...] secrétaire général de l'organisme-conseil de l'ONU sur les monuments et sites

[...] « Les mêmes problèmes se posent avec [d’autres sites historiques construits en bois], où il faut périodiquement refaire les planchers usés par les visiteurs. Quand un lieu devient célèbre, il attire l'attention et cette popularité peut elle-même devenir difficile à gérer. »

La population de Beijing ne cesse de croître. En 2020, la capitale chinoise comprenait près de 22 millions d’habitants. Une telle expansion démographique met une pression grandissante sur le patrimoine historique de la ville. Depuis quelques années, le vieux Beijing est sacrifié afin de faire place à de hautes tours modernes au design futuriste, symbole fort de la croissance économique ininterrompue de l’ « Empire du Milieu ».

Les anciennes murailles qui entouraient la Cité interdite ont été détruites pour faire place à de nouveaux bâtiments. Bien que la Cité interdite semble épargnée de ce saccage, elle subit année après année la pression du développement démographique et immobilier qui semble ne pas prêt de s’arrêter…

« [...] Dans cette accélération chaotique et face à l'incohérence de la politique actuelle de préservation du patrimoine, la destruction récente de Nanchizi, ancien quartier de l'intendance impériale longeant l'enceinte est du Palais impérial, a fortement marqué les esprits. [...] “II ne suffit pas seulement de former les urbanistes et les décideurs. C'est aussi à la population de sensibiliser le gouvernement au sujet du patrimoine “, conclut Jean Rouger. “ L'urgence, pour préserver la vieille ville, dira Shu Yi, c'est de transmettre aux habitants la connaissance de leur héritage.” »

La pollution de l’air est un problème récurrent à Beijing. Capitale du plus grand pays manufacturier au monde, la ville connaît régulièrement des épisodes intenses de smog. Composé de particules toxiques pouvant se loger dans les poumons, le smog représente un risque réel pour la population de la capitale chinoise.

En plus de représenter un risque pour la santé humaine, la pollution de l’air détériore les façades des bâtiments. En effet, les particules polluantes s’incrustent sur les surfaces et provoquent de l’érosion. Plus fragiles, les monuments patrimoniaux sont particulièrement touchés par le phénomène. Les sites patrimoniaux doivent donc faire l’objet de nettoyages réguliers. Certains éléments doivent même être complètement remplacés.

La ville de Beijing veut rebâtir certaines des portes de son ancienne muraille impériale aujourd'hui disparue : ainsi va en Chine la "protection" du patrimoine, qui signifie souvent raser un édifice pour le reconstruire de façon plus ou moins folklorique.

Un exemple emblématique est le quartier de Qianmen, au sud de la Cité interdite. Démoli lors du chantier géant de "rénovation" de la capitale avant les jeux Olympiques de 2008, il a été rebâti à la mode d'un Disneyworld, où [l’on retrouve maintenant] des grandes enseignes internationales.

« C'est une pratique ignorante, stupide et cupide. Ignorante parce qu'ils ne connaissent pas la signification du patrimoine culturel; stupide, parce qu'ils ne comprennent pas le rôle crucial de la ville ancienne pour la société; cupide car la corruption imprègne chaque étape de la reconstruction », juge He Shuzhong, fondateur du Centre de protection du patrimoine culturel.

[Les militants] livrent un combat inégal contre les promoteurs et les responsables locaux qui s'enrichissent en détruisant les vieux quartiers: ils en expulsent [de force] les habitants, souvent mal indemnisés, en bafouant sans vergogne les lois en vigueur.

La Cité interdite est l’un des musées patrimoniaux les plus populaires du monde. Avec près de 19 millions de touristes visitant annuellement le site, la Cité interdite dépasse de loin le Colisée de Rome (7 millions) ou la Tour Eiffel (7 millions).

La popularité toujours grandissante de la Cité interdite a forcé le gouvernement chinois à implanter différentes mesures afin de préserver le site.

En effet, l’afflux massif de visiteurs représente un risque pour les infrastructures de bois, dont les planchers peuvent user sous le poids des touristes. La respiration humaine peut également poser des risques à terme par l’humidité qu’elle cause dans certaines pièces de la cité.

Aussi, depuis 2015 l’accès au site est limité à 80 000 visiteurs par jour. Il faut donc réserver ses places d’avance si l’on souhaite visiter les palais maintes fois centenaires.

« Le charbon fournit plus des deux tiers de l’énergie en Chine.

[Mais] depuis environ une décennie, il y a une prise de conscience [environnementale] autant de la part du gouvernement que de la part du grand public, dit Guy Saint-Jacques [ancien ambassadeur canadien en Chine].

[L’un des problèmes bien connus en Chine est la qualité de l’air]. Les images de Pékin sous un ciel voilé par l’épais smog provoqué par les centrales [au charbon] environnantes ont fait le tour du monde.

« Les citoyens chinois se sont mis à consulter avidement [les chiffres sur la qualité de l’air et] les parents étaient très inquiets que cette pollution affecte la santé de leurs enfants. [...] Les commentaires sur l’état de la pollution sur les réseaux sociaux étaient tellement négatifs, que le gouvernement a dû réagir ». dit Guy Saint-Jacques.

La prise de conscience du gouvernement chinois s’est traduite par un certain resserrement de l’expansion des énergies fossiles dans les régions, et, surtout, par des investissements massifs dans le secteur des énergies renouvelables. »

Si certains quartiers historiques de Beijing ont été profondément transformés, voire défigurés, par l’accroissement urbain, le gouvernement chinois et la ville ont tout de même pris des mesures pour protéger la Cité interdite.

En effet, les autorités municipales ont créé une zone protégée au centre de Beijing qui inclut la Cité interdite, la place Tiananmen et des hutongs, quartiers traditionnels chinois composés de petites maisons basses datant de plusieurs siècles. Cette zone permet de mettre un frein à la construction de gratte-ciels et autres édifices modernes, qui sont en forte demande dans un Beijing toujours grandissant.